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Pourquoi la parole est une thérapie ?

  • Photo du rédacteur: Elise
    Elise
  • 11 juin
  • 4 min de lecture

Redonner ses lettres de noblesse à la parole


De plus en plus, les approches thérapeutiques dites modernes, comme l’EMDR ou les thérapies cognitivo-comportementales (TCC), gagnent du terrain en raison de leur efficacité rapide sur les symptômes. Mais une question essentielle mérite d’être posée : ces techniques permettent-elles une véritable transformation intérieure, ou ne font-elles que soulager un symptôme temporairement ?

Face à ces méthodes structurées et protocolisées, la parole semble parfois reléguée au second plan. Pourtant, elle est un puissant moteur de guérison, qui permet au patient de comprendre, de se reconstruire et d’intégrer ses expériences. À travers cet article, nous allons explorer pourquoi parler, raconter son histoire et être écouté restent des éléments fondamentaux d’un processus thérapeutique durable.


La parole comme acte thérapeutique

santé mental, une jeune fille assise par terre la tête entre les jambes réfléchissant à tous ses problèmes

Le simple fait de verbaliser une expérience transforme profondément la manière dont elle est perçue et intégrée. La parole donne une forme aux pensées floues, permet de structurer une histoire et de redonner du sens aux événements vécus.

Contrairement aux méthodes qui visent principalement à neutraliser une réponse émotionnelle désagréable, le travail par la parole ne cherche pas à effacer, mais à comprendre et intégrer. C’est dans cette mise en récit que se trouve la clé : elle permet d’articuler les émotions, de relier les fragments de vécu et d’y voir une cohérence nouvelle.


L’écoute et la présence du thérapeute : un espace de reconstruction


Un des éléments les plus puissants de la thérapie basée sur la parole est l’écoute bienveillante et active du thérapeute.

Dans un cadre sécurisé, le patient peut déposer ce qui l’habite, sans crainte du jugement. La reformulation, les silences et l’attention portée à ses mots permettent une prise de conscience progressive. Contrairement à des techniques plus directive comme l’EMDR, qui vise la désensibilisation d’une mémoire traumatique, l’écoute thérapeutique ne cherche pas à modifier un souvenir, mais à l’intégrer dans un parcours de vie.


Cas clinique : Léa, une patiente en quête de sens


Léa, 32 ans, consulte pour des crises d’angoisse récurrentes liées à un accident de voiture survenu cinq ans plus tôt. Elle souffre de cauchemars et d’une peur intense lorsqu’elle doit conduire.


Phase 1 : L’EMDR pour traiter le traumatisme immédiat

Son thérapeute lui propose l’EMDR pour désensibiliser la mémoire traumatique. Après quelques séances, elle ressent une nette diminution de son anxiété lorsqu’elle pense à l’accident. Les images intrusives s’estompent et elle parvient à reprendre la voiture sans panique.


Phase 2 : L’importance du récit et de la parole

Cependant, quelques mois plus tard, Léa revient en thérapie avec une angoisse diffuse qu’elle ne parvient pas à expliquer. Elle se sent vulnérable et a du mal à gérer ses émotions dans d’autres aspects de sa vie.

C’est alors qu’un travail basé sur la parole et le récit commence. En explorant son histoire, elle réalise que son accident a ravivé une peur plus profonde liée à son enfance : un sentiment d’impuissance face aux événements qu’elle ne contrôle pas.

À travers les séances, elle met en mots cette insécurité, relie ses expériences passées et comprend que son anxiété ne venait pas seulement du choc de l’accident, mais d’un schéma émotionnel plus ancien.


Conclusion : une approche complémentaire

L’EMDR a permis à Léa de neutraliser la charge émotionnelle immédiate du traumatisme, mais c’est le travail verbal qui lui a offert une compréhension plus profonde de son fonctionnement psychique.

Ce cas illustre bien que désensibiliser un souvenir ne suffit pas toujours : il est essentiel d’explorer le sens que l’événement prend dans l’histoire du patient pour éviter que la souffrance ne se déplace ailleurs.


Les limites des approches modernes : traiter le symptôme, mais déplacer le problème ?


Carl Jung critiquait déjà certaines techniques comme l’hypnose en disant qu’elles réglaient le symptôme sans traiter la cause sous-jacente, entraînant ainsi un déplacement du problème vers une autre forme de souffrance.

L’EMDR, bien qu’efficace dans la désensibilisation des souvenirs traumatiques, ne garantit pas une véritable transformation psychique sur le long terme. Si le traumatisme est traité sans exploration en profondeur, d’autres blocages ou schémas néfastes peuvent émerger ailleurs.

Là où la parole diffère, c’est qu’elle n’évite pas la douleur, mais la traverse. Elle engage le patient dans un travail de compréhension, d’élaboration et de reconstruction personnelle, plutôt que dans une suppression immédiate du ressenti.



un homme en train de parler avec une psychologue

Les effets neurologiques et psychologiques de la parole


Les recherches en neurosciences ont montré que mettre des mots sur une émotion permet de réguler le stress. Lorsque nous parlons de nos ressentis, nous activons des zones du cerveau impliquées dans la régulation émotionnelle, comme le cortex préfrontal, réduisant ainsi l’activité de l’amygdale (centre de la peur).

Parler, raconter, élaborer crée de nouveaux circuits neuronaux, qui permettent de mieux intégrer le passé et de se projeter différemment dans l’avenir. Contrairement à l’EMDR qui vise avant tout la désensibilisation émotionnelle, le travail par la parole cherche à enrichir et modifier les représentations mentales du patient.


Perspective historique et philosophique : pourquoi raconter son histoire ?


Depuis l’Antiquité, le dialogue est un outil de transformation intérieure. Que ce soit dans la philosophie socratique ou les traditions chamaniques, parler permet de se comprendre et de se découvrir.

Freud posait déjà ce principe avec la psychanalyse : ce qui ne se dit pas s’imprime dans le corps et l’inconscient. Ce qui reste dans le silence peut se manifester sous forme de symptômes somatiques ou émotionnels.

Si des méthodes comme l’EMDR offrent une solution rapide au mal-être, elles ne remplacent pas le travail profond d’élaboration qui passe par l’écoute, la réflexion et l’intégration des expériences.


Conclusion : remettre la parole au cœur de la thérapie


La parole est une véritable thérapie, qui ne se limite pas à l’acte de parler, mais engage un processus de transformation intérieure.

Les thérapies modernes sont précieuses, mais elles ne doivent pas éclipser l’importance du récit et du travail verbal. Se comprendre passe par l’échange, l’élaboration et la mise en mots du vécu, qui permettent une guérison profonde et durable.

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